Messe traditionnelle Marseille

La liturgie traditionnelle ?

On entend souvent parler de nos jours de « liturgie traditionnelle », « messe traditionnelle », « messe en latin », « messe dos au peuple », « messe de toujours », « messe de Saint Pie V », « messe tridentine », « forme extraordinaire », par opposition à « la messe en français », « face au peuple », « de Paul VI » ou « en forme ordinaire ».

En fait, dans l’une ou l’autre forme, la messe reste ce qu’elle est : le concile Vatican II, reprenant le concile de Trente nous enseigne que « notre Sauveur à la dernière Cène… institua le sacrifice eucharistique de Son Corps et de Son Sang pour perpétuer le sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’Il vienne, et en outre pour confier à l’Eglise, Son épouse bien aimée, le mémorial de Sa mort et de Sa résurrection« . Ainsi, sauf la manière d’offrir qui est différente, il y a identité entre le sacrifice de la Croix et son renouvellement sacramentel à la messe que le Christ Seigneur a institué à la dernière Cène et qu’il a ordonné à ses Apôtres de faire en mémoire de Lui ; ainsi la messe est tout ensemble sacrifice de louange, d’action de grâce, de propitiation et de satisfaction. Quant à la liturgie dans son ensemble, qui ne comprend pas que la messe mais aussi les autres sacrements et l’office divin, elle est l’expression de la Foi de l’Eglise, selon le vieil adage « lex orandi, lex credendi » (la règle de la prière fixe la règle de la foi)

A Marseille, la paroisse Saint-Charles pratique la forme extraordinaire du rite romain, antérieure à 1962, conformément aux motu proprio (décrets) « Ecclesia Dei » de Saint Jean Paul II de 1986 et à celui de Benoît XVI « Summorum Pontificum » de 2007.

Les livres liturgiques en usage, conformément à ces deux décrets, sont donc ceux en vigueur en 1962 (date qui correspond à leur dernière édition avant la réunion du concile Vatican II et les réformes de 1965 et 1969). Contrairement à une erreur commune, l’usage de ces livres liturgiques n’a jamais été interdit ou abrogé.

La première caractéristique du missel de 1962 est qu’il est presque identique à celui publié par Saint Pie V en 1570, et qui lui-même était semblable à celui de 1474, lequel répète déjà celui du pape Innocent III (1216). Cependant les diverses parties de la messe, et leurs prières, conservées jusqu’à nous, ont fait leur apparition de façon progressive au long de l’Histoire :

  • le récit de l’Institution et le Pater sont évidemment du I° siècle, puisqu’ils sont tirés des évangiles et sont les paroles mêmes du Christ,
  • dès le deuxième siècle apparaissent les deux parties de la messe : prédication et sacrifice,
  • la récitation du Pater, par le seul prêtre, existait déjà au temps de Saint Augustin (V° siècle),
  • la forme définitive du Canon apparaît au V° siècle également, sauf le memento des défunts, ajouté au VIII° siècle,
  • du VI° siècle date le chant du Kyrie, reste d’une litanie plus ancienne, la Deprecatio Gelasi,
  • Saint Grégoire le Grand (540-604) est censé avoir réorganisé la liturgie et introduit la chant qui porte son nom,
  • la récitation systématique du Credo est introduite vers l’an mil, tout comme le rite de l’élévation,
  • les encensements, d’abord réservés aux processions, se développent à partir du XII° siècle,
  • le rite de l’offertoire est définitivement élaboré au XIII° siècle,
  • au XV° siècle sont ajoutées les prières au bas de l’autel (récitées auparavant par le prêtre pendant la procession d’entrée) et le dernier évangile.

Il n’y a donc pas à proprement parler de missel tridentin ou de Saint Pie V, mais une évolution longue et continue des rites, sans rupture, codifiée au XVI° siècle et reprise jusqu’au XX° siècle. D’autres évolutions suivront, dont la plus notable est la réforme des rites de la Semaine Sainte par Pie XII en 1954.

L’emploi du latin

La seconde caractéristique de la « messe traditionnelle » est l’emploi du latin : il se justifie par l’historique des rites, dont les prières se sont développées dans l’empire romain finissant. L’Eglise n’a jamais éprouvé le besoin de les traduire, afin d’en préserver le sens, qui aurait pu être variable selon les langues et leurs évolutions continues. L’avantage du latin est en effet d’être une langue morte, qui n’est donc plus sujette à de tels changements, ce qui permet l’usage des formules remontant à la fin de l’antiquité, afin que la règle de la prière corresponde à la règle de la Foi, une Foi invariable et constante. Inversement, nous aurions bien du mal à utiliser aujourd’hui un missel français du XVII° siècle, car le français d’aujourd’hui n’est plus celui de Racine.

L’autre avantage du latin est que, n’étant plus la langue de personne, il a retrouvé la valeur qui était la sienne à l’origine, à savoir être la langue de tous, exprimant ainsi directement le caractère catholique, c’est à dire universel, de l’Eglise.

Enfin il convient de souligner que le concile Vatican II a expressément ordonné, dans la constitution Sacrosanctum Concilium, que l’usage du latin sera conservé dans la liturgie latine, prise dans cette acception en opposition avec les liturgies orientales.

Dos au peuple ?

Enfin même l’observateur le moins attentif aura remarqué que, dans notre église de Marseille, la messe traditionnelle est célébrée « dos au peuple ».

En fait l’expression est incorrecte : le prêtre est face à l’autel, symbole visible du Christ présent au milieu de son Eglise. C’est d’ailleurs pour cela que sont placés sur l’autel la Croix et le tabernacle qui renferme le Corps du Christ. Ainsi placé à la tête du peuple chrétien, et tourné dans le même sens que lui, le prêtre apparaît comme celui qui doit guider les fidèles vers le Seigneur et comme un « alter Christus » qui offre le Sacrifice non sanglant sur l’autel.

Ce symbole était encore plus riche à l’époque où toutes les églises étaient orientées vers l’Est et où prêtre et fidèles regardaient ensemble vers le soleil levant, signe du « Christ, Soleil levant qui illumine les nations ».

DSC_0490Il est à noter que le missel de 1969 ne rend pas obligatoire la célébration « face au peuple » qui n’est conforme à aucune pratique antérieure, même très ancienne. Outre le fait que l’on peut très bien dire la messe dite « de Paul VI » face à l’autel (ce que le Pape lui-même fait très régulièrement, notamment dans la chapelle Sixtine), la messe a toujours été célébrée face au Levant, même dans les vieilles basiliques romaines, dont l’entrée est précisément à l’Est, ce qui oblige le célébrant à avoir les fidèles devant lui, tout en regardant vers l’Orient (et non vers les fidèles, sauf accidentellement).

Tels sont les grands traits qui caractérisent la liturgie dite traditionnelle, héritière d’une très longue évolution historique. D’autres pourraient être développés, mais ne peuvent trouver leur place dans cette présentation sommaire : quelques différences de calendrier, la proclamation d’une seule lecture avant l’évangile, le nombre des génuflexions et signes de croix, la manière de recevoir la communion (exclusivement sur la langue et si possible à genoux).

En tout état de cause, et quelle que soit la forme pratiquée, ordinaire ou extraordinaire, ou le rite mis en œuvre (romain, ambrosien, lyonnais, de Braga, mozarabe, dominicain, cartusien, pour ne citer que les latins),  la liturgie constitue, selon les enseignements du dernier concile, la source et le sommet de la vie de l’Eglise, sur laquelle il nous faut donc veiller avec un soin jaloux.

Souvenons-nous que dans l’Eglise Catholique, il y a 23 rites officiellement reconnus (la forme ordinaire n’étant qu’une sous division de l’unique rite romain, lui-même une sous division du rite latin). Cette diversité permise par l’Eglise manifeste l’inépuisable richesse du Dieu qui est célébré à travers ces mystères. Gardons-nous donc d’absolutiser un rite par opposition à un autre, mais tâchons de découvrir les richesses propres à chaque forme afin de vivre l’enrichissement mutuel auquel nous invitait le pape Benoit XVI dans son motu proprio de 2007

Concluons enfin avec ces mots du Bienheureux Charles de Foucauld : « Une seule messe glorifie plus Dieu que ne le ferait le martyre de tous les hommes unis aux louanges de tous les anges et de tous les Saints. ».

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